Le mirage du moi. Le spectacle et le spectateur de Jean-Marc Mantel. Editions Accarias L’Originel, 3 allée des Œillets, 40230 Saint Geours de Maremne.
Nous avions apprécié l’ouvrage de Jean-Marc Mantel, publié chez le même éditeur en 2021 et intitulé La pratique spirituelle. Cette fois, il s’intéresse à la réalité de la réalité en investiguant la manière dont le « moi-je » tisse sa toile.
L’ouvrage restitue l’essentiel de quatre années de rencontres dans lesquelles Jean-Marc Mantel a répondu à de multiples questions sur la base d’une approche non-dualiste.
Dans la première partie, La naissance du moi, de nombreux aspects de l’apparition et du maintien d’un « moi » sont abordés : le flux de pensée, le caractère intermittent des pensées, les processus d’identification, le contrôle, la projection et la surimposition par le mental, l’incarnation… ce qui conduit à approcher l’impersonnalité, « la pensée sans penseur » et la non-pensée.
« Le penseur n’est qu’une pensée. Il n’a aucune réalité propre. Ce n’est que par le jeu de l’identification au contenu de la pensée, et notamment au contenu de la pensée « moi », que naît la croyance en l’existence d’un penseur, autonome et indépendant. C’est bien par l’observation des pensées qu’il peut y avoir cette reconnaissance du caractère vide et inconsistant de la pensée, de son contenu, et de l’idée du penseur. »
Dans la deuxième partie, les échanges portent davantage sur la manière dont le moi se structure et se reproduit : croyance en l’existence du moi, structuration de l’identité « moi », croyance aux rêves, aux illusions, aux images, que l’on peut aider les autres… identification au local et au temporel, jusqu’aux moyens ou méthodes pour se dégager de la croyance et atteindre l’absence de croyance, l’absence de personnage.
« Dans l’absence de vous-même, il y a présence, justesse, beauté. La beauté perçue n’est que le reflet de la beauté d’être. La beauté exprimée n’est que l’expression de la beauté d’être. Être est la source de toute beauté. Vous êtes beauté avant d’être quelqu’un. Le quelqu’un prolonge la beauté, mais ne l’exprime qu’imparfaitement, tout comme le reflet du soleil n’exprime qu’imparfaitement la chaleur et la lumière du soleil. »
Et, pour ceux, nombreux, qui ont peur de perdre leur personnalité :
« N’être rien signifie n’être rien d’objectif. Cela pointe vers l’absence d’objet. Pour qu’il y ait reconnaissance de l’absence d’objet, il doit nécessairement y avoir une présence qui l’objective. Cette présence est vous-même dans votre nature non-objective. Elle ne peut être vue, en tant qu’objet, mais seulement expérimentée, en tant qu’être, unité. Elle est plénitude. Le rien est l’ombre du plein. »
La troisième partie évoque les souffrances du moi. Le sentiment de séparation du moi joue un rôle central dans l’apparition des souffrances, elle se traduit par des réactions, des refus, des fermetures, de la culpabilité dans les multiples contextes de la vie. Les peurs, les obsessions, les illusions, les faux choix s’estompent dans l’écoute, l’observation.
« Le non-effort n’est pas un état qu’il convient de cultiver. Sinon, il ne sera que paresse et procrastination. Il fait référence, en réalité, à l’immuabilité de la présence d’arrière-plan, ce à partir de quoi est vu le spectacle du monde phénoménal. Maintenez donc une écoute alerte, vivante, habitée, à chaque instant, incluant, en elle, sensations, émotions et pensées. »
La modalité choisie pour ce livre, des questions-réponses très vivantes, nées des expériences des participants aux rencontres avec l’auteur, favorisent l’exploration des multiples facettes de la question, pour le plus grand bénéfice du lecteur.