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Fulcanelli & les 7 loges du mal de Roger Facon. Editions L’œil du Sphinx, 36-42 rue de la Villette, 75019 Paris – France.
L’auteur surfe sur le nom de Fulcanelli qui n’a que très peu à voir avec le sujet de ce faux polar ésotérique.
Roger Facon rassemble ses souvenirs d’enquêteur de police autour de l’affaire dramatique de l’Ordre du Temple Solaire. En fait, il parcourt dans ce roman presque soixante-dix ans de néo-templarisme à travers les événements fâcheux qui régulièrement secouent ce courant à la croisée de l’ésotérisme, de la politique, du banditisme et autres déviances.
Comme roman, le texte, bien rythmé par les dialogues, se lit d’une traite avec plaisir.
Comme témoignage, le texte interroge. En effet, pourquoi utiliser des pseudonymes derrière lesquels le lecteur n’aura aucune difficulté à reconnaître l’identité ? Cela ne sert pas l’histoire et ne présente aucun intérêt juridique. Ainsi les Raymond Bernard, Jacques Breyer, François de Grossouvre, Jean-Marie Parent, ou même l’auteur, comme d’autres, sont aisément reconnaissables même pour des lecteurs peu familiers avec la scène ésotérique ou la scène politique. La remarque vaut pour les noms des organisations légèrement maquillés dans lesquels le lecteur reconnaître l’AMORC, l’ORT, la GLTSO, la LNF, entre autres.
Roger Facon mêle des informations que l’on peut trouver dans la presse, des informations invérifiables, des éléments fantasmés, des composants d’une fable néo-templière dégradée. L’ensemble peut conduire le lecteur à un sentiment d’écœurement envers les milieux ésotériques qui sont bien autre chose.
Il remarque avec justesse qu’il est désormais impossible d’œuvrer sereinement dans le cadre néo-templier depuis la multiplication des dérives meurtrières. Que ce courant attire des gens troubles, des officines obscures et serve régulièrement de paravent à des actions politiques ou illégales n’est pas un fait nouveau mais la lecture de l’ouvrage tend à généraliser cette toxicité à la Franc-maçonnerie elle-même alors que c’est avant tout une histoire de quelques êtres humains pris dans des convergences d’intérêt sordides.
L’intérêt du livre, pour maintenant, serait de faire réfléchir aux conséquences de la création de mythes contemporains qui servent ensuite de supports à ces déviances. En effet, il faut se méfier des présupposés que nous mettons en œuvre par nos créations, ils peuvent conduire à des désastres. Le néo-templarisme, encore aujourd’hui, en est une démonstration flagrante alors que l’idéal chevaleresque porte des valeurs supérieures dont nous aurions bien besoin dans un monde en perte de sens.