
La Promesse Initiatique Maçonnique de Jean Bartholo. Editions Télètes, 51 rue La Condamine, 75017 Paris.
Dans ce nouvel ouvrage Jean Bartholo traite de la progression spirituelle, notamment dans l’Ordre maçonnique, en renouant avec l’ancienne alliance entre sciences et traditions.
« Certains humains, remarque-t-il, sont touchés directement par la grâce, par un appel intérieur. Ils y répondent par un acte de foi. L’enseignement maçonnique est différent mais le résultat peut être le même. Le point de départ de la connaissance pour un maçon sur un chantier avec des outils, c’est l’expérience objective, opératoirement explorée. Sur le chantier maçonnique l’information vient de l’univers. Nous recevons et assimilons par notre intelligence, les informations qui se trouvent dans l’univers et dans la nature. »
Jean Bartholo introduit formellement ce niveau logique informationnel dans sa réflexion sur le cheminement initiatique et tout particulièrement dans notre rapport avec l’Univers et le « Grand Récit » du Livre de la Nature. Quel sens, quel enseignement, sans doute faut-il mettre tout cela au pluriel, pouvons-nous tirer, parfois arracher, à l’histoire du cosmos et du rapport entretenu avec lui par l’être humain ? L’être humain, dans son devenir, est appelé à reconnaître le Réel pour l’intégrer. Paradoxalement, c’est par un renoncement au contrôle et à la maîtrise, qu’il peut s’ouvrir à cette expérience.
« Le propre des sciences modernes, nous dit Jean Bartholo, c’est de rechercher une certaine maîtrise du réel ce qui, en soi, est bon dans la mesure où l’homme garde le sens des mesures. L’intelligence du Franc-maçon doit accepter de se convertir à un esprit de « démaîtrise ». C’est du moins l’un des enseignements d’un Heidegger que la Franc-maçonnerie a repris en invitant à une purification et une certaine ascèse de l’intelligence. Elle demande une écoute profonde et une capacité de faire silence. Tout cela contribue à la purification de l’intelligence. Cela nous amène à servir la Vérité, plutôt qu’à nous servir d’elle. »
Il existe « une méthode maçonnique », enracinée dans la réalité concrète mais qui vise cependant le sublime, la reconnaissance du Réel. Cette méthode, qui fait partie de l’héritage des traditions du passé, s’organise dans une « symphonie maçonnique » faite de rituels, rites, oralités, symboles vivants.
Jean Bartholo prend le cas du Rite Ecossais Ancien et Accepté pour illustrer cette symphonie. Nous trouvons d’abord « la prise de conscience du Temple intérieur » (du premier au douzième grades) puis « le combat spirituel et les grades chevaleresques » (du treizième au trentième grades) et enfin « le temps de la Perfection lié aux grades blancs » (du trente et unième au trente troisième grades), de la mort au monde profane à la réalisation du Nouvel Homme.
« Toute initiation ne peut conduire qu’à l’Amour. La leçon semble claire, affirme-t-il, l’initiation, la nouvelle naissance, est Amour ! »
Et, après avoir cité Jankélévitch, il poursuit :
« Le pouvoir de commencer, s’il est le propre de l’homme, libre et conscient, l’est ainsi sans doute parce qu’il est avant tout celui de la Transcendance. L’Amour ne saurait faire autrement que de faire naître continuellement. C’est pourquoi il est le plus à même de nous rendre au commencement pour une vie qui n’aura pas de fin. »
L’enseignement et la démarche maçonniques permettent de s’extraire des conformismes pour se retrouver soi-même, libéré des chaînes des conditionnements. Ce mouvement vers l’interne n’est jamais séparé d’une réconciliation avec l’externe jusqu’à ce que cette distinction s’efface. C’est une histoire de rencontre, avec soi-même, avec cet autre qui est encore soi-même.
Il existe une Promesse maçonnique, écho de la Promesse évangélique, promesses de libération.
« La progression spirituelle, nous dit Jean Bartholo, se fait par étapes qui débouchent sur une profondeur jusque-là inconnue. Notre écoute s’améliore et met en œuvre une intelligence vive qui, en nous, est en attente de la Lumière de la Vérité. Cette intelligence constitue un processus actif, qui, seul, confère à la recherche toute sa force, à la mesure de sa responsabilité. Quand les rituels se déploient en intelligence, ils fournissent la réponse à la réclamation intérieure de notre être, à la recherche de la liberté. »