Le serment ou la sacralisation de la vie de Joseph Noyer. MdV Editeur, 16 bd Saint-Germain, 75005 Paris – France.
Déjà, René Guilly avait alerté en 1970 sur la perte de sens du sacré dans la prestation de serment devenu souvent en Franc-maçonnerie une simple promesse humaine. Joseph Noyer remarque qu’un serment sans dimension sacrée n’est plus un serment en raison de l’étymologie même du mot :
« En effet, ce vocable a la même racine latine, sac, que »sacrement », « sacerdoce », « sanctuaire », « saint », tous termes portant l’idée de « sacré ». »
« Employer le terme de « serment » pour désigner ce qui se prétend profane semble, pour le moins inapproprié. Ne serait-il pas plus juste d’en utiliser un autre – par exemple celui de « promesse » - pour désigner l’engagement humain que l’on veut exempt de sacré ? »
Joseph Noyer s’intéresse d’abord à l’autel des serments, à sa place dans le Temple, au rituel du serment et à la posture de l’initié avant d’analyser le contenu des serments. Il identifie des constantes dans les serments comme les devoirs, l’engagement, le service, le travail, le respect du secret, la fraternité.
Pour l’auteur, le serment participe à la construction de l’initié, il en est même un vecteur essentiel :
« Il y a entre le serment initial et la construction réalisée, plusieurs étapes indispensables pour que l’œuvre se rapproche du plan du Créateur. Ce qui se crée par le serment est semblable à la graine qui s’anime et qui, en s’élevant, devient arbre prenant vie à la fois dans le ciel et dans la terre, par les nourritures que chacun d’eux lui procure. Annick de Souzenelle, se fondant sur la tradition hébraïque, écrit que le sacrum est l’ « arbre en germe ». »
Joseph Noyer interroge ensuite la portée du serment :
« Le serment a, donc, pour vocation de maintenir l’initié dans la Règle. En la pratiquant, il vit les deux éternités. L’éternité de l’instant donne vie à l’éternité des cycles ; l’éternité des cycles, accomplit l’éternité d’ l’Esprit en l’incarnant sur terre. »
Le serment s’adresse ainsi à la Règle mais aussi au chef de la Loge, aux initiés ayant rejoint l’Orient Eternel, à la confrérie elle-même et enfin à la « Puissance redoutable ». La fidélité au serment, le risque de parjure, conduisent à prendre en compte la valeur initiatique de la parole donnée. C’est le rapport au langage qui prend une dimension initiatique.
« Le serment confère à chaque parole et chaque acte réalisé au sein de la Loge la qualité fraternelle, et cette qualité les réunit spirituellement dans un ensemble vivant irrigué par une seule et même énergie. »
Cet ouvrage permet de replacer le serment dans sa dimension véritable, initiatique avant tout, et non pas soumis à des considérations profanes, administratives ou autres.