Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les étranges symboles des cathédrales, basiliques et églises de la France médiévale par Christian Montésinos.

Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

http://www.dervy-medicis.fr/

 

Christian Montésinos est historien, membre de la Société française de mythologie. Il met à notre disposition un travail considérable d’analyse symbolique des cathédrales. Il y a longtemps en effet que nous ne savons plus lire ces « livres de pierre ». Cet ouvrage nous propose de nous réapproprier le langage particulier, synthétique et puissant des cathédrales, que peu connaissent aujourd’hui hors de certains cercles du compagnonnage.

 

En introduction, il précise le sens de sa démarche. Il constata que la richesse des cathédrales était généralement ignorée « au profit de l’anecdotique laïque, scolaire et républicain ».

 

« Ces constats m’incitèrent à rédiger un ouvrage, comme ceux que j’aurais voulu avoir en main alors que je découvrais sans les comprendre voici de nombreuses années les cathédrales et basiliques de France. La lecture du grand Emile Mâle fut pour moi une révélation. Ses ouvrages m’incitèrent à me plonger au cœur des auteurs anciens, puis à confronter les remarques du grand historien de l’art à d’autres ouvrages, en particulier ésotériques. Je remarquai, après bien des années, que chaque auteur, Mâle à part, avait surtout travaillé pour sa « boutique ». Le Mystère des Cathédrales de Dujols, alias Fulcanelli, ne voyait dans les quatre-feuilles d’Amiens, ou dans les écus de Notre-Dame de Paris, que des symboles alchimiques. Or, ces images, pour reprendre l’expression consacrée aux bas-reliefs médiévaux, ne sont pas exclusives. Elles sont à la fois profanes, religieuses, alchimiques et apologétiques, parce qu’au temps où elles furent créées, les clercs possédaient une telle vision. S’écarter de la mentalité médiévale pour interpréter des ornementations lapidaires peut conduire parfois à dire des banalités, ou pire, des sottises. »

 

C’est la distinction de ces niveaux logiques qui constitue la force de l’ouvrage et permet une lecture circonstanciée et différenciée des ensembles symboliques inscrits sur les murs des cathédrales. Christian Montésinos cherche à plonger dans les sources les plus anciennes pour retracer les chemins, souvent de détour, qui ont conduit aux images qui demeurent aujourd’hui sous nos yeux.

 

Si les Lumières ont méprisé nos cathédrales, elles font heureusement aujourd’hui parti du patrimoine mondial de l’humanité. Edifiées en deux siècles seulement, elles témoignent d’une volonté spirituelle exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité qu’il nous est difficile de comprendre. Christian Montésinos évoque un art sacré. Les images choisies, dont Emile Mâle a retrouvé le plus souvent l’origine pré-chrétienne, s’adresse non à la vue mais à l’esprit à travers un glissement temporel fascinant des mythèmes.

 

Pour l’auteur, le plus grand mystère des cathédrales c’est celui de la Résurrection du Christ, car tout l’ensemble symbolique proposé concourt à la mise en œuvre de la « Vie Nouvelle », à l’édification du « Nouvel Homme » par une « Nouvelle Alliance ».

 

« Les cathédrales, confie l’auteur, sont les vaisseaux de ce voyage fabuleux. Elles donnent véritablement les clés du royaume à ceux qui savent les trouver. Elles offrent aux pénitents, aux repentis, aux borgnes, aux aveugles, aux boiteux et à tous les infirmes de corps ou d’esprit la possibilité de la guérison. Elles proposent à l’homme la véritable transmutation, au sens propre, le changement au travers. Elles sont encore porteuses d’autres mystères comme celui de la Trinité, de la Communion, de la transmission de l’Esprit saint… »

 

Christian Montésinos nous offre des repères pour entreprendre le voyage : langue des oiseaux, orientation, marques, zodiaques et calendriers, avant de développer les grands thèmes présents comme les vices et les vertus, les arts libéraux, les Vierges allégoriques, et le foisonnement d’étranges créatures du hérisson d’Amiens à l’ouroboros en passant par les sirènes. Mais il traite aussi du labyrinthe, des emblèmes de l’alchimie chrétienne, des jeux d’ombre et de lumière, des couleurs et des matériaux…

Un petit chapitre est consacré au regard des Francs-maçons sur les cathédrales afin de dissiper quelques illusions courantes.

 

Ce livre érudit, agréable à la lecture, très bien illustré, sera un guide précieux pour explorer nos cathédrales et en extraire les connaissances traditionnelles que ceux qui les ont conçues et édifiées ont voulu transmettre à travers les temps.

         

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :