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Prendre soin de soi

Prendre soin de soi. Enjeux et critiques d’une nouvelle religion du bien-être de Françoise Bonardel, Collection Spiritualités pratiques, Editions Almora.

Françoise Bonardel se demande si la recherche du bien-être est un « nouvel idéal collectif » ou « une réaction saine face aux nuisances de tous ordres auxquelles nous sommes quotidiennement confrontés ». Le principe « Prends soin de toi », hérité de la Grèce ancienne, renouvelé par Pierre Hadot et Michel Foucault, viendrait en tension avec les préceptes du care, qui fondent « le souci des autres ». A ceci, note-t-elle, s’ajoute l’injonction de Pindare « deviens qui tu es », qui, dans un monde toujours au bord de l’accident de vitesse, devient vite paradoxale, en niant le nécessaire cheminement.

Dans cette orientation collective vers le bien-être, sans que celui-ci soit bien défini, il semble que nous perdions de vue l’alliance de l’individu avec le monde et que nous renforcions l’illusion de la séparation.

« Comment réapprendre à prendre soin de soi alors même que le souci, de soi ou d’autrui, est lui-même devenu le symptôme d’une nouvelle forme de maladie ? interroge Françoise Bonardel. Si toute pathologie résulte d’une dérégulation entre le plein et le vide, l’excès et le défaut, les sociétés postmodernes sont en effet malades de leur excès de sollicitude invasive, favorisant l’assistanat, et de leur absence de compassion effective envers autrui puisqu’elles appellent à pratiquer l’autodéfense et à cultiver un individualisme teinté de narcissisme. »

La philosophie, et notamment la philosophie initiatique, apparaît comme une thérapie par une recherche de « verticalité ». Mais peut-on se passer d’un projet de société qui replace la chose commune et l’individu au cœur de nos interactions dynamiques et qui repense la question du religieux ? Si l’ultime guérison est l’éveil, la question sociétale se pose néanmoins.

« Ce n’est pas, nous dit Françoise Bonardel, d’une restauration imaginaire dont le monde actuel a besoin, mais d’un savoir-faire visionnaire capable de donner à chaque être humain le sentiment qu’en prenant soin de soi il participe aussi, directement ou à plus long terme, à la bonne marche du monde. » En s’appuyant sur de nombreux philosophes et penseurs, Françoise Bonardel invite le lecteur à un questionnement multiple à travers l’essai de regards différents, voire divergents, afin de clarifier les concepts, de s’extraire des pièges du langage et de dégager quelques orientations pour une « spiritualité pratique ».

Face à la marchandisation planétaire et à la marchandisation croissante de soi-même, l’enjeu semble vital.

Editions Almora, 43 avenue Gambetta, 75020 Paris, France.

www.almora.fr

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