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Mystères de l’Apocalypse de Jean de Georges Bertin. Editions Cosmogone 6, rue Salomon Reinach, 69007 Lyon.

www.cosmogone.com

Voici le livre qui manquait à tous ceux qui s’intéressent à la dimension initiatique de L’Apocalypse de Jean. Et ce n’est certes pas un hasard si c’est Georges Bertin qui nous l’offre. Il réunit à la fois l’exigence et la maîtrise méthodologique de l’universitaire et les connaissances initiatiques véhiculées par les mythes traditionnels. C’est une véritable pensée qui nous est proposée. Même si Georges Bertin voile celle-ci sous de nombreuses références notamment Henry Corbin, Gilbert Durand, Jean-Charles Pichon, C.G. Jung…, ce qui est inscrit dans ces pages est à la fois traditionnel et profondément original dans sa méthode qui investit délibérément les mystères d’un texte qui condense des mythèmes opératifs indépendamment du contexte historique, religieux et sociologique dans lequel il fut rédigé.

« Livre de mystères, donc ! nous avertit Georges Bertin. De mystères et de visions empreints de surnaturel, de récits qui nous sont venus du fond des temps et de l’espace indo-européen et qui « ont cheminé d’est en ouest, ce qui explique le mieux les origines des religions grecques, de la mythologie, de la gigantomachie, de la démonologie et bien sûr de l’angéologie[1] ». Elle dépend de toutes les traditions antérieures. »

Il s’agit d’explorer le monde symbolique parfaitement agencé de l’Apocalypse, à travers un voyage initiatique précipité depuis le monde imaginal dans celui des formes. Ainsi, Georges Bertin cherche à identifier l’intention de Jean et la manière dont le destinataire du texte peut le recevoir pour tisser la trame herméneutique de ce qui constitue une révélation initiatique, dépassant aussi bien la tradition hébraïque que la tradition grecque.

Georges Bertin s’intéresse d’abord à la personne de Jean, un ionien, témoin mais aussi successeur spirituel de Jésus. Il étudie les influences spirituelles et traditionnelles qui traversent sa région, la Ionie, féconde en mythes et métaphysiques. Il aborde le thème des deux Jean qui, avec Jésus, forment « une triade significative » aussi bien pour les gnostiques anciens que pour des courants initiatiques contemporains.

L’organisation du texte de l’Apocalypse est disséquée. Sa structure permet en effet de saisir en quoi ce texte est réellement initiatique.

« Le livre de l’Apocalypse constitue en quelque sorte la préfiguration d’une quête et en même temps, la réalisation. Il s’agit d’un des livres les plus importants jamais écrits, mais il est un mystère pour la plupart… »

Georges Bertin, tout au long de l’ouvrage, nous introduit à ce mystère. Il décrit les phases du parcours d’initiation proposé dans l’Apocalypse, en trois étapes classiques : l’expérience de le mort – la communication d’un savoir – l’expérience du sacré. Cette initiation se réalise par les nombres sacrés « 4, 7, 12 avec le 6 en contrepoint », ce qui nous conduit à la tradition de la Jérusalem céleste en ses multiples expressions, depuis le temporel et cyclologique jusqu’au plus interne. Ce qui permet de dégager le texte de l’Apocalypse de ses contingences historiques et temporelles pour lui donner une portée essentielle et universelle.

Georges Bertin évoque avec pertinence une « aventure vers la transcendance ». L’imaginaire de l’Apocalypse est saturé d’Imaginal, c’est pourquoi ce texte est un chemin.

« Dans cette optique, nous dit Georges Bertin, nous voyons que ce n’est pas un texte historique ni prédictif, mais un filet de mailles dans lequel l’esprit du lecteur s’accroche, se prend avec celui de l’Apostole qui l’y initie. Et l’image de la Jérusalem céleste peut se comprendre dans ce sens quand elle nous ouvre les clefs d’un monde. »

L’Apocalypse est toujours écrit pour « ici et maintenant ». Il est irrémédiablement actuel, ce qui caractérise la dimension initiatique et sa permanence.

L’ouvrage de Georges Bertin nous rappelle non seulement l’importance de ce texte mais nous balise les chemins qui permettent de se l’approprier et d’en faire une clef de compréhension mais aussi une clef opérative à mettre en œuvre dans les rites comme dans la vie, engageant ainsi une quête d’immortalité afin de résister au morcellement et de réaliser l’unité de la Conscience.

 

[1] Durand Gilbert, Science de l’homme et tradition, le nouvel esprit anthropologique, Paris, Berg international, 1979, p.45.

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