GNOSE ET SURREALISME
En juillet 2007, Paul Sanda, directeur de la Maison des Surréalistes, poète rebelle, fut ordonné prêtre de l’Eglise Rosicrucienne
Apostolique et Gnostique. Quelques mois plus tard, il fut ordonné épiscope de la même Eglise gnostique.
Cet acte ne fut pas, on s’en doute, sans provoquer des interrogations et déclencher quelques polémiques au sein du mouvement surréaliste.
Pourtant, à la lecture des entretiens accordés par André Breton à André Parinaud et publiés à la Nrf en 1952, le lien entre hermétisme et surréalisme, gnose et surréalisme est une évidence. L’un comme l’autre sont une invitation, parfois une injonction à ne pas se laisser prendre par le filet des croyances et à dissoudre toute adhérence, toute identification, toute posture figée.
Paul Sanda a demandé aux collaborateurs de la Maison des Surréalistes de prendre position. Ils furent très nombreux à le faire et à le soutenir.
Cet épisode riche et éclairant de la vie du mouvement surréaliste a donné naissance à un ouvrage collectif intitulé de manière forte Ouvrir les serruriers. Aux abstracteurs de Quintessence publié aux Editions Rafael de Surtis. Le collage de couverture, réalisé par Paul Sanda est intitulé De quoi aurions-nous peur ?
Le livre est aussi l’occasion de dresser le bilan des actions de la Maison des Surréalistes, bilan tout à fait édifiant. Après une introduction de Paul Sanda, il propose plusieurs contributions d’individus très différents : La Surréalité de Jean-Pierre Lassalle – La Liberté surréelle de l’iconoclaste par Alain Blandin – Ouvrir les Serruriers. Aux abstracteurs de Quintessence par Patrick Lepetit – Le Contre-Rien de Rémi Boyer – Envoi pour la vie par Anne Ferlat, auxquels s’ajoute un beau texte de Georges Henein, Avec André Breton dont voici un extrait :
« Plus d’une fois j’ai insisté auprès de Breton sur la nécessité, pour le surréalisme, de s’astreindre à une cure de secret. Car le propre de la société moderne de consommation n’est pas de pardonner les offenses, mais de les récupérer sous forme de colifichets, de pittoresque commercial, de divertissement ; dès lors, il n’est permis de lui opposer que des ordres fermés, une discipline aristocratique de la pensée qui renoncerait d’avance à la vanité de toute contestation extérieure. Quand l’obscurantisme pavoise et légifère au dehors, il n’est plus de lumière qu’intime et jalouse de son espace inviolé. »
Ouvrir les serruriers permet de dépasser les antinomies et les oppositions mondaines, de prendre conscience que l’important réside dans l’entretien d’un feu vivant, peu importe le combustible, et non dans la vénération des cendres du passé. Il témoigne enfin de la « vivance » du surréalisme.
Editions Rafael de Surtis, 7 rue Saint-Michel, 81170 Cordes sur Ciel.