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Contes et opéras, un chemin d’éveil par Amélie André-Gedalge, Editions Dervy Poche
Amélie André-Gedalge (1865-1931), musicienne et philosophe, laissa un ensemble d’études de symbolisme sur la matière des contes de fées et des opéras. Ce corpus est important car il est de nature réellement initiatique quand, par défaut, on substitue trop souvent aujourd’hui une lecture psychanalytique à l’exigence de la lecture traditionnelle.
Les textes présentés par André Gedalge, son petit-fils, et par Irène Mainguy dont nous savons la précieuse érudition en matière de symbolisme, renouvelle, soixante-dix ans après la disparition de l’auteur, les études de symbolisme. En effet, Amélie André-Gedalge fut une pionnière, probablement en raison de son âme musicienne, consciente de l’importance des intervalles, des silences, dans le cheminement initiatique. Le symbole dit mais il tait également. Deux temps d’une même respiration.
L’ouvrage comporte deux parties. Une première partie traite de la recherche symbolique d’Amélie André-Gedalge à travers les contes de fées tandis que la seconde décrypte trois opéras.
Féministe, libre-penseuse, femme d’engagement, esprit de queste, Amélie André-Gedalge fut membre de la Société Théosophique et très active au sein du Droit Humain. Son approche du symbolisme s’inscrit dans une dialectique entre les opposés qui conduit à l’unité. Nous sommes bien dans le procès initiatique qui conduit de la dualité à la non-dualité que ce soit graduellement ou subitement. Les contes véhiculent les composants d’une éthique initiatique et d’un ésotérisme subtil qui ne se fige pas en vérités supposées mais déploie une dynamique de liberté au sein de la conscience. Nous les retrouvons dans certains opéras, Amélie André-Gedalge pense bien sûr à Mozart. A d’autres aussi comme l’Orphée et Euridice de Glück ou l’Oberon de Weber.
« Le poète et le musicien, dit-elle, se rejoignent fortement ici pour graver en nous une impression sublime et durable, capable d’entraîner notre âme en cette voie qu’une tradition séculaire dit être celle de l’initiation. » Elle distingue d’ailleurs clairement les initiations symboliques de l’initiation réelle à laquelle les premières préparent. Le Vrai, le Beau, le Juste sont au cœur de la démarche qui inclut la dimension alchimique que nombre des contes et opéras étudiés véhiculent.
André Gedalge et Irène Mainguy ont su donner une unité à cet ensemble de textes épars et divers par leurs sujets et par leurs formes. Le lecteur sera ainsi intéressé par les soixante-six notices rédigées par Amélie André-Gedalge pour le fameux dictionnaire « Rhéa », publié en 1921 et consacré à la théosophie, l’ésotérisme, l’occultisme, l’orientalisme et la Franc-maçonnerie. Il est paradoxal que cet ensemble de textes rédigés avant 1930 témoignent d’une fraîcheur qui manque cruellement aujourd’hui dans le monde initiatique, peut-être parce que nous avons oublié que l’initiation est un art ce dont témoigne magnifiquement Amélie André-Gedalge.
Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.