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Les initiations

et l’initiation maçonnique



        
Une nouvelle fois, Irène Mainguy nous gratifie d’un essai qui contribue à la compréhension du monde initiatique, Les initiations et l’initiation maçonnique, publié aux Editions Jean-Cyrille Godefroy. Cette fois, ce n’est pas de l’histoire des rites maçonniques qu’elle nous entretient mais bien de l’initiation elle-même, de sa fonction, de son sens, de sa finalité. Pour se faire, elle réalise brillamment une synthèse difficile en puisant aux sources de plusieurs traditions initiatiques issues des cinq continents pour identifier les éléments permanents et récurrents qui fondent le procès initiatique. Elle n’hésite pas à puiser dans la tradition Vaudou ce qui est une preuve de lucidité car le Vaudou ou ses dérivés sont du plus grand intérêt pour qui sait dépasser ses préjugés.

         Nous sommes ici dans une approche gradualiste et évolutive de l’initiation, la plus courante, celle que partagent la presque totalité des ordres initiatiques. Au cours de son travail elle a abordé cinq questions qui se posent à l’initiable d’aujourd’hui : Est-il nécessaire d’être reçu dans une voie initiatique pour réaliser toutes les potentialités humaines ? Dans le monde contemporain, qui se caractérise par un matérialisme croissant, quelle place reste-t-il à la voie initiatique et à son idéal ? Doit-on considérer aujourd’hui l’initiation maçonnique comme un mythe ou une réalité ? La franc-maçonnerie est-elle une école de rationalisme ou de spiritualité ? Que peut apporter l’initiation maçonnique à l’homme ou à la femme d’aujourd’hui en ce XXIème siècle ?

         Irène Mainguy débute par une approche lexicologique du terme même et note avec justesse que l’initium latin et le télété grec ne s’opposent pas mais se complètent, désignant chacun le terme initial et le terme final d’un processus. Elle explore ensuite les différentes formes d’initiation dans le monde, comme rites de passage. Si certaines formes initiatiques viennent satisfaire les besoins d’appartenance, d’autres concernent plus nettement les besoins de réalisation : « L’éveil de l’homme à la conscience, d’abord de son identité propre, et ensuite de la place qu’il occupe dans le cosmos. ». La place des mythes, des contes et des légendes est bien entendu essentielle dans le monde initiatique, comme métaphore du changement ou comme véhicule des opérativités.

         Irène Mainguy va ensuite repérer les constantes des différents rites de passage : rites de séparation, de marge et d’agrégation. Elle distingue aussi entre initiation tribale, initiation religieuse et initiation magique. Ces distinctions sont indispensables pour savoir de quoi l’on parle tant le mot « initiation » recouvre des expériences différentes. Elle aborde aussi la notion de « secret » qui constitue l’une des constantes du monde initiatique. Elle distingue entre le secret d’appartenance, le secret de délibération, le secret de rites, le secret de métier et le secret indicible qui porte peut-être finalement seul le caractère initiatique.

         Une partie de l’ouvrage traite de la spécificité de l’initiation maçonnique, de ce qui la caractérise, ce qui conduit Irène Mainguy à poser la question de l'initiation des femmes en Franc-maçonnerie, question malheureusement ô combien actuelle, afin de réduire avec élégance les arguments irrecevables de ceux qui défendent encore le caractère masculin de l’initiation maçonnique. La finalité de l’initiation maçonnique est bien pour Irène Mainguy une métanoïa. Elle revendique donc pour la Franc-maçonnerie une verticalité, souvent absente dans les faits, à travers les idées fortes de création d’un homme nouveau, de quête de la liberté intérieure ou encore de l’Unité perdue, de la Vérité. Il s’agit bien de dépasser, voire transcender l’état humain.

         Irène Mainguy clôt ses travaux par un conte, geste qu’il convient d’apprécier à sa juste et haute valeur, intitulé Les trois bougies de la saint Jean dans lequel nous retrouvons Maître Janus, personnage qui symbolise bien la qualité de cet ouvrage.

         Irène Mainguy prend soin de ne pas fermer les portes mais bien au contraire invite à soulever les tentures pour ne pas se laisser enfermer dans les clichés, les croyances, , les certitudes, les décors. Elle démontre également toute la puissance de l’initiation dans un monde enclin à dériver sur l’océan des mensonges comme voie, non de salut, mais de libération.

         « Nous sommes prisonniers de notre condition humaine et de notre situation sociale. Néanmoins, devons-nous continuer à tourner le dos à la Lumière, comme les prisonniers de la caverne, ne sachant pas ou ne voulant pas nous retourner vers elle, l’étouffant par là même sous le boisseau ?

         Dominer ces contradictions internes à l’échelle humaine réclame l’éveil individuel et collectif de la conscience, à son prochain, à l’Universel. La voie initiatique permet de susciter un être nouveau acceptant de s’extraire progressivement de sa gangue, prêt à affronter les contradictions dramatiques de la société moderne pour tenter de les résoudre en essayant de trouver sa place, en fonction de ses capacités et de ses aptitudes. »

 

        

Tag(s) : #Tradition
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