Opus Mago-Cabalisticum et Theosophicum. Tome I : le Sel de Georg von Welling. Traduit et adapté par Luisa Fauconnier. Sesheta Publications, 6 Place du Canton 24300 Nontron, France.
Dans son introduction, Fred MacParthy présente Georg von Welling comme l’un des auteurs majeurs de l’hermétisme rosicrucien allemand du XVIIIe siècle, au côté de Samuel Richter (Sincerus Renatus), Hermann Fictuld ou A.J. Kirchweger. Tous les quatre ont laissé des œuvres importantes qui font partie du corpus étudié dans le cadre de la Fraternité de la Rose-Croix d’Or, dont le nom apparaît pour la première fois en 1710.
Que cette fraternité ait été organisée ou non, elle constitue un courant dont l’influence est certaine, particulièrement sur le Rite du baron Tschoudy, les Rose-Croix d’Or d’Ancien Système ou les Frères de Saint Jean l’évangéliste, entre autres.
Georg von Welling (1655-1727) fit la connaissance de Samuel Richter en 1717. Ils pratiquèrent ensemble l’alchimie. Peu d’informations sont disponibles sur sa vie. A partir de 1708, il commence à rédiger son œuvre majeure dont le premier volume, consacré au Sel, est publié malgré son opposition par Samuel Richter : Opus Mago-Cabalisticum et Theosophicum. Du Sel. Plusieurs versions furent publiées, la première version complète date de 1735. Une édition de 1719, richement illustrée, permet de saisir la pensée de l’auteur influencé par Jacob Böhme mais aussi par van Helmont, von Rosenroth ou le kabbaliste Isaac Louria.
Alchimie, hermétisme, kabbales chrétienne et juive, constituent la trame de l’œuvre de von Welling qui démontre également une belle connaissance des textes bibliques.
Ce premier tome consacré au Sel est basé sur l’œuvre allemande publiée à Francfort et Leipzig en 1760 ainsi que la version anglaise de Joseph G. McVeigh (Weiser). Il comporte six chapitres, très structurés, écrits dans un souci de clarté : I. De l’Origine du Sel Commun – II. De la Nature du Sel – III. De l’utilité et de l’usage du Sel – IV. Du Commencement Originel du Monde – V. De la Chute de Lucifer et de la Division du Monde qui en résulte – VI. Du Shabbath, de l’Achèvement et de la cessation de tous les temps, du Repos Eternel et de la Douce Joie Tranquille, dans le Royaume Divin Eternel.
De très belles illustrations symboliques en couleur accompagnent le texte.
Dès la première page, Georg von Welling, face à la multiplication des écrits sur le Sel, précise son projet :
« En fait, on pourrait dire que c’est la première et la plus noble question dans l’ordre du monde entier, et donc digne d’une réflexion plus approfondie. Nous devrions mettre de côté toutes les idées préconçues à cet égard, ainsi que toutes les spéculations que les érudits ont pu tirer de leur réflexions savantes, car celles-ci ont été élaborées dans le confort de leurs chambres, sans le bénéfice d’une véritable expérimentation et du processus difficile de recherche approfondie. Au lieu de cela, on devrait s’engager dans une observation véritable et la production matérielle du sel, tel que nous le touchons, le sentons et l’apprécions dans notre nourriture et notre boisson. On ne peut certainement pas déterminer les véritables origines et l’essence du sel en distillant un sel ou un autre à partir d’esprits, sans parler du fait qu’il a d’abord été façonné et formé par Dieu le Tout-Puissant puis placé dans les eaux des mers, ce grand dépôt de trésors. »
C’est avec le grand océan que Georg von Welling débute son enseignement, un enseignement de première importance tant pour son apport à la pratique de l’alchimie que pour la connaissance métaphysique, une métaphysique cependant toujours soumise à la validation de l’expérience.
Outre l’importance du texte, soulignons la très belle édition que nous offre Sesheta-Publications.