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 La langue des hommes préhistoriques. Le mystère de la grotte de Cougnac par Gilles Cozzari. Editions du Cosmogone, 6 rue Salomon Reinach, 69007 Lyon. 

www.cosmogone.com

Gilles Cozzari s’est passionné pour la paléontologie. Psychiatre, docteur en sciences politiques et paléontologue, il a croisé ses recherches avec celles de grands spécialistes pour tenter d’approcher le mystère de la langue de nos origines. Quel pouvait être le langage des Homo sapiens ?

« Le but de cet ouvrage, annonce-t-il, va consister à interpréter un récit contemporain d’humains ayant vécu il y a environ 25000 ans, et celui-ci se retrouve en son entier explicité sur les parois de la grotte ornée de Cougnac, située sur la commune de Payrignac en Quercy. »

En cette époque préhistorique, point d’écriture, de lettres ou de graphèmes apparentés, précise-t-il, mais il y avait bien langage et nécessité de transmettre : « la concaténation des éléments picturaux visibles sur les parois des grottes peintes ne pouvait être que relative à une syntaxe préétablie. Autrement dit, considérées selon un certain ordre, ces images racontent une histoire et même un mythe. »

L’hypothèse formulée est que ces regroupements de dessins retrouvés dans diverses grottes préhistoriques de la planète avaient une vocation pédagogique. Ils seraient destinés à avertir de potentiels dangers.

Gilles Cozzari propose de « Suivre l’Homo sapiens depuis son départ jusqu’au lieu où sont les grottes ornées, et déduire le profil de son langage à partir d’un choix de mots existant dans les langues les plus anciennes utilisées sur ce parcours. Ces mots seront retenus s’ils paraissent suffisamment basiques pour être des candidats admissibles à présenter un tel mythe issu du Paléolithique Supérieur, et surtout s’ils admettent une unité phonétique dans toutes ces langues sélectionnées. »

Une fois ce processus accompli, les résultats seront appliqués à l’ensemble de signes de la grotte de Cougnac. Elle présente peu de signes et rend ainsi possible une interprétation.

L’ouvrage restitue l’ensemble de la démarche. Gilles Cozzari commence par détailler les bases techniques nécessaires pour approcher les composés éventuels de langage et de mythe opérant il y a 25000 ans : origines de l’Homo Sapiens, déplacements, trajectoires, géographies rencontrées, stations, contraintes migratoires, survivance de croyances, recherche d’une langue primitive, en respectant autant que possible les règles de la recherche linguistique. L’art du Paléolithique Supérieur n’est pas oublié, notamment l’art aurignacien et l’art gravettien afin d’identifier les thèmes représentés.

Gilles Cozzari présuppose que certains éléments des mythes paléolithiques ont pu s’inscrire jusqu’en nos traditions et folklores anciens qu’il explore afin de traquer des permanences rituelles.

Mythe, art et langue constituent les matières traitées dans ce livre. Un mythe central se dégage, celui de « l’homme mauvais » fauteur de troubles au sein de la communauté et qu’il faut repérer et neutraliser pour le bien de celle-ci. Les récits illustrés découverts à Cougnac ou à Chauvet seraient destinés à avertir de ce danger considéré comme majeur pendant des milliers d’années.

L’ouvrage, très bien construit et illustré, permet de saisir la démarche et l’hypothèse proposée. Plus largement, c’est un beau voyage dans les langues, les mythes et les relations humaines.

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