La Marelle ou les sept marches du Paradis par Gérard de Sorval. Editions La Tarente, Mas Irisia, Chemin des Ravau, 13400 Aubagne.
C’est une réédition particulièrement importante que celle-ci. Le livre consacré à La Marelle par Gérard de Sorval est l’un des ouvrages majeurs publiés dans le domaine de l’hermétisme dans la seconde partie du siècle dernier.
Nous savons que les jeux furent souvent, en Orient et en Occident, le support ou le véhicule de traditions, de pratiques, de métaphysiques. C’est le cas de la marelle comme du jeu de l’oie. Gérard de Sorval a ainsi conçu son livre comme un jeu de l’oie, l’oie, « parèdre du cygne », nous signale-t-il, « c’est elle qui mène au nid du cygne en faisant voyager les âmes ».
« Et, poursuit-il, si l’on représente le jeu par sept cercles concentriques en spirale, c’est l’oie qui fait le passage d’une spire à l’autre ? La règle veut que lorsqu’un joueur tombe dessus, il double ses points ; ce qui souligne bien le rôle de passeur de ce volatile… »
Gérard de Sorval renoue ici avec la poésie hermétiste, vecteur classique de la transmission des arcanes d’Hermès. La langue est ici alchimique. Langue des oiseaux, elle redonne vit aux symboles étouffés sous les concepts. Elle est aussi poésie, elle aide au ressouvenir d’Hermès, elle fait jaillir de divins pressentiments qui orientent quand le concept désoriente. Une folle sagesse accompagne l’aventurier qui s’engage dans ce jeu qui révèle les étapes et certaines subtilités du chemin du Grand Œuvre. Gérard de Sorval nous entraîne dans le jeu depuis la forêt gaste jusqu’au jardin de la marelle, un autre jeu, terminal celui-ci.
« La distance, nous dit l’auteur, qui sépare la forêt gaste du jardin de la marelle est infinie. Avant que le terme du voyage ne soit atteint, il faut au pèlerin parcourir quatre fois les sept anneaux ; ou encore explorer selon les sept degrés de quatre horizons ; ou encore franchir les quatre voiles qui dissimulent l’Infini par les sept énergies créatrices qui en émanent. Ainsi parvient-il au centre septénaire ou l’enfant, dans son jeu, exprime la jubilation du retour. »
La linéarité apparente du jeu est illusoire. Il y a simultanéité et atemporalité. De même la contrainte n’est qu’apparence, le jeu est « hasard » et la liberté demeure. La quête est en réalité immobile, il s’agit toujours en premier lieu de reconquérir le centre.
L’ouvrage se présente en sept parties, coïncidant avec les sept anneaux. Nous retrouvons ainsi dans la première partie la chasse du cerf, le donjon, la grotte, dans la deuxième, la coquille, l’épée et le fuseau, le cheval, ainsi de suite jusqu’à la septième avec le crâne, la nef, la triple enceinte, qui annonce la marelle. Ce n’est pas un traité de symbolique, ici les symboles sont souvent envisagés comme mythèmes porteurs des opérativités à découvrir.
« C’est aussi, précise Gérard de Sorval, une voie à parcourir parmi d’autres chemins, où les hommes passent, se dépassent et trépassent. Soit dit en passant, ceux qui sont portés à un tel voyage reçoivent tôt ou tard le don d’une carte du chemin et d’une boussole pour s’y orienter. Les uns empochent l’une et l’autre et n’apprennent pas à s’en servir, ou se mettent à collectionner frénétiquement des cartes semblables en les comparant inlassablement ; les autres étudient la carte en détail, apprennent le fonctionnement de la boussole, et analysent savamment les moindres rouages, ou bien échafaudent des combinaisons subtiles sur des distances indiquées et les moyens détaillés pour les franchir.
D’autres enfin, ayant étudié, se mettent en route avec leurs deux pieds. Ceux-là seuls avancent. »