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Grand Œuvre et Art Royal. L’alchimie et les hauts grades maçonniques du REAA de Dominique Jardin. Collection Renaissance Traditionnelle. Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

http://www.dervy-medicis.fr/

Dominique Jardin poursuit le travail remarquable commencé dans L’Alchimie des Francs-maçons, publié chez le même éditeur en 2022, travail d’identification des éléments hermétistes, affirmés ou allusifs, au sein du Rite Ecossais Ancien et Accepté, afin de mettre en évidence au sein du rite un véritable corpus, discret mais bien présent, autour du sujet central de la nature naturante et de la nature naturée.

Avant de nous plonger, grade après grade, dans ces éléments qui s’organisent par approfondissement en un enseignement alchimique potentiel, Dominique Jardin explore cette question du rapport à la nature.

« Sur le fond, dit-il, on s’aperçoit vite que l’un des thèmes majeurs traversant alchimie et Franc-maçonnerie des hauts grades est celui de la nature. Cela construit donc un jeu à trois : maçonnerie, alchimie et nature. Ce jeu demande une mise en contexte, ce dernier étant évolutif, d’autant plus qu’il en manque un quatrième, le divin, et la place qu’on lui accorde, ou pas. »

Les XVIIe et XVIIIe siècles sont le creuset d’un nouveau rapport à la nature. Si « les rituels véhiculent une véritable mystique de la nature », c’est dans le cadre d’une dialectique renouvelée entre secret de Dieu et secret de la nature.

Dominique Jardin distingue deux attitudes face à la nature : « L’attitude orphique et contemplative ; approche esthétique de la nature » et « l’attitude prométhéenne ou alchimique, voire magique », que nous retrouvons peu ou prou dans certains hauts grades du REAA. En filigrane, se trouvent deux relations essentielles de la démarche initiatique, qui sont en partie corrélés, la relation au temps, la relation au mythe.

« Cette idée de mythe, dit-il, nous est très utile puisque le temps du mythe prétend fixer l’histoire alors qu’il n’est en rien historique puisqu’il échappe à l’histoire en étant précisément métahistorique. De la même manière, l’alchimie opérative prétend accélérer le travail de la nature, mais l’alchimie « spirituelle », la seule qui nous concerne ici, la fixe sous forme d’images poétiques ou de références à la mythologie, qui la placent, de fait, hors de l’histoire. Devant un tableau de loge, ou une image alchimique, on peut seulement discourir en nous inscrivant dans une culture, y compris dans une idée culturelle de la nature. »

La référence à l’alchimie n’est pas présente dans tous les hauts-grades du REAA. Dominique Jardin ne s’intéresse ici qu’aux grades porteurs de traces, de références à l’alchimie, directes ou indirectes. Non ce que le texte veut dire, mais ce qu’il peut dire. Nous sommes là au cœur de la démarche initiatique. Ces traces et références se trouvent notamment dans les iconographies.

Les titres des chapitres permettent de saisir la démarche et tout son intérêt :

Chapitre I : Grand Œuvre et Art Royal, le rapport à la nature.

Chapitre II : Maître secret, quatrième grade du REAA : un grade placé sous le signe d’Hermès.

Chapitre III : Maître Parfait, cinquième grade du REAA : la destruction et la reconstruction de l’Univers.

Chapitre IV : Le Chevalier d’Orient et d’Occident et le Grand Pontife ou Sublime Ecossais de la Jérusalem Céleste, dix-septième et dix-neuvième grades du REAA : approches alchimiques et maçonniques de l’Apocalypse.

Chapitre V : Chevalier Rose-Croix, dix-huitième grade du REAA : tableaux de loge maçonniques et iconographie alchimique.

Chapitre VI : Le Noachite ou Chevalier Prussien, vingt-et-unième grade du REAA : préservation des connaissances dans les colonnes d’Hermès.

Chapitre VII : Le Chevalier du Serpent d’Airain, vingt-cinquième grade du REAA : la dimension médicinale de l’alchimie.

Chapitre VIII : Le Prince de Mercy, vingt-sixième grade du REAA : un grade explicitement alchimique.

Chapitre IX : Le Chevalier du Soleil, vingt-huitième grade : un grade conservatoire du paracelsisme alchimique.

Une simple lecture permet de comprendre pourquoi ces grades ont pu servir dans certains cas, soit dans le REAA, soit dans les rites égyptiens qui reprennent ces grades dans leurs échelles, non seulement de supports à une alchimie dite « spirituelle » mais aussi à la mise en œuvre d’une alchimie opérative, au laboratoire ou interne.

Ainsi ce livre, particulièrement soigné, texte et iconographie, constituera une référence pour ceux qui veulent approfondir la dimension initiatique du REAA ou, plus explicitement encore, pour ceux qui cherchent dans les expressions traditionnelles, notamment maçonniques, les dépôts disséminés par les adeptes des grandes disciplines traditionnelles.

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