La Kabbale juive deux tomes de Paul Vuillaud. Editions Amici Librorum.
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La réédition de cette somme de Paul Vuillaud (1875 – 1950) consacrée à la kabbale met à notre disposition une œuvre majeure de la première partie du siècle dernier. Il s’agit de l’édition de 1923 publié par Emile Nourry.
A son époque, Paul Vuillaud fut considéré par les milieux juifs français comme un hébraïsant érudit, rigoureux et profond, un défenseur de la kabbale et plus largement des traditions juives. Son ouvrage, son grand-œuvre, consacré à la kabbale était considéré dans les années 50 comme une référence incontournable en langue française. Ses traductions de plusieurs textes de la tradition juive, dont Le Cantique des Cantiques, furent saluées pour leur qualité. Il avait une compréhension exceptionnelle pour un non-juif de la kabbale et de la tradition juive grâce à un sens aigu de la langue.
Il fut un temps proche du Sâr Péladan. Il était également peintre et exposa au salon de la Rose-Croix organisé par Péladan avec qui, comme beaucoup, il se fâcha. Il collabora à plusieurs revues ce qui lui permit de côtoyer ou croiser des personnalités aussi différentes que Léon Bloy ou Mircéa Eliade. Son influence est certaine sur les courants initiatiques de l’époque et jusqu’à nos jours.
Il fut l’un des premiers à se pencher et à exploiter le fonds Jean-Baptiste Willermoz déposé alors chez son éditeur Emile Nourry. Il publia ainsi en 1929 l’ouvrage Les Rose-Croix lyonnais au XVIIIe siècle, qui fut longtemps une source pour les membres du Rite Ecossais Rectifié.
L’ouvrage La Kabbale juive est composé de deux tomes :
Tome Premier. Préliminaires : Raisons d’étudier la Kabbale. — Le Milieu mystique juif (Esséniens, Dosithéens, Pharisiens). — Orthodoxie de l’ésotérisme juif. — Généralités sur le mysticisme juif. — Procédés de la Kabbale. — Le « Sepher Ietsirah ». — Ibn Gabriel est-il un fondateur de la Kabbale ? — L’antiquité du Zohar. — L’Infini ; Les intermédiaires métaphysiques. — La Tradition ésotérique perdue et retrouvée. — L’Origine des choses. — Kabbale et Panthéisme. — Les Intermédiaires personnifiés.
Tome Second. Le Rituel : Bénédiction pontificale ; Prières ; exégèse des Noms. — Les Amulettes. — Le mystère messianique dans l’école de R. S. ben Jochaï. — Comment il faut lire le « Sepher ha-Zohar ». — Une équipée messianique : Zabbataï Zévi; les Hassidim. — Influence de la Kabbale : Les Kabbalistes chrétiens. — Le Kabbalisme moderne allemand : Jacob Boehme et Molitor. — Kabbale et Franc-Maçonnerie. — Origines de la Kabbale. — Conclusions.
L’érudition certaine de Paul Vuillaud est d’abord au service d’une défense de la kabbale, alors incomprise, contestée dans son ancienneté ou carrément déformée. Il offre une approche de la kabbale la plus juste possible au regard des connaissances, vastes, qu’il en avait en tant que catholique proche et respectueux des milieux juifs.
« Que l’on soit admirateur ou non de la philosophie mystique des Juifs, jugeons la Kabbale telle qu’elle est. Ne prêtons pas à ses adeptes des notions qu’ils étaient non seulement loin d’avoir, mais qu’ils étaient incapables de soupçonner. Diderot écrivait que le premier pas vers la philosophie est l’incrédulité, le Kabbaliste répugne à cette discipline. La Kabbale est, au contraire, cette philosophie dont la foi (pistis) est le premier acte. »
Paul Vuillaud prend en compte la complexité des systèmes kabbalistiques en revenant à la langue elle-même qui préexiste à l’élaboration de la pensée. Il permet ainsi au lecteur, assidu, d’approcher les fondements de la tradition juive et d’en mesurer toute la valeur.
Encore aujourd’hui, cette œuvre reste utile pour le chercheur non juif, soucieux de comprendre comment les symboles, les allégories, les mythes de la tradition juive imprègnent la culture occidentale en général et la tradition chrétienne en particulier.