Le Songe de Poliphile ou Hypnérotomachie de Francesco Colonna. Editions Amici Librorum.
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C’est l’un des plus beaux livres de l’histoire de l’édition. Le Songe de Poliphile, simplification du titre complet, fut publié pour la première fois en 1499, en langue italienne, par Alde Manuce. La première édition française date de 1546 avec une traduction de Jean Martin mais il faut attendre 1883 pour avoir une première traduction complète en français par Claudius Popelin. Elle fut publiée en 1883 par Isidore Lisieux. Pour cette belle réédition, Stephan Hoebeck a retenu la traduction de Claudius Popelin mais aussi ses illustrations qui reprennent fidèlement celles de l’édition de 1546. En regard, le lecteur pourra étudier les illustrations de l’édition originale de 1499.
Le Songe de Poliphile est attribué en général à Francesco Colonna (1453-1538), prince de Palestrina, membre de la puissante famille romaine bien connue, passionné par les antiquités romaines. D’autres hypothèses sur l’identité de l’auteur sont avancées, toutefois moins convaincantes. Francesco Colonna aurait soutenu un réveil des traditions pré-chrétiennes.
Le Songe de Poliphile est un roman qui obéit aux règles du voyage initiatique, et amoureux, vers l’île des amours, Cythère. Il s’agit d’un songe qui conduit Poliphile sur les traces de Polia, sa bien-aimée. Le périple de Poliphile lui fait croiser dieux, déesses, monstres et autres créatures fabuleuses. Les nymphes ont une fonction essentielle dans l’aventure. Le voyage inclut la description de cultes non chrétiens, d’édifices symboliques aux belles architectures et de jardins extraordinaires. Le texte porte également une dimension érotique.
Cet ouvrage eut une grande influence dans les cercles hermétistes au fil des siècles mais aussi dans l’art des jardins, depuis la Renaissance. Le jardin de la Quinta de Regaleira à Sintra (Portugal), par exemple, connu comme l’un des plus beaux jardins du monde, est nettement influencé par Le Songe de Poliphile, dans sa construction et son symbolisme.
De nombreuses personnalités furent des lecteurs attentifs du Songe de Poliphile, Rabelais sans doute, Gérard de Nerval ou plus près de nous Carl G. Jung. De nombreuses lectures peuvent en être faites, symbolique, cultuelle, philosophique, métaphysique, alchimique. Fulcanelli, entre autres, trouva dans Le Songe de Poliphile des références au Grand Œuvre. Une interprétation du côté des alchimies internes est encore possible. Le titre même invite à la pluralité des sens. Une exégèse totale est sans doute impossible et il est bien qu’il en soit ainsi. Le Songe de Poliphile doit rester un vivant chemin.
Nous ne saurions que conseiller cette édition particulièrement soignée de l’Hypnerotomachia Poliphili, à la fois bel objet de bibliothèque et sujet de passionnantes et riches explorations initiatiques.