Ordo ab Chao. Une année de méditation maçonnique

Ordo ab Chao de Jean Bartholo. Editions Télètes, 51 rue La Condamine, 75017 Paris.

De nombreux auteurs ont cherché, avec plus ou moins de bonheur, à profiter des divers confinements traversés ces derniers temps pour écrire. Ce bonheur, recherché, est bien présent dans le livre de Jean Bartholo qui extrait l’ordre du chaos, de « bonnes heures » plus exactement, puisque c’est une année de méditations journalières qui nous sont proposées, avec méthode :

« Mais, nous dit-il, il faut apprendre à regarder, à agir, à entendre : c’est l’art de voir, l’art de comprendre. Qu’il nous manque, et le monde reste pour nous obscur et sans voix. L’acquérir, c’est le monde qui se livre : on sent le fruit sous l’enveloppe. La coque se brise, la chair apparaît. Nous faisons l’expérience que les choses même les plus simples, à portée de notre main, cachent le plus de richesses : la simplicité renferme les plus grands secrets. »

C’est un livre de sagesse, de sagesse maçonnique, ce qui est rare, qui dépasse la forme maçonnique pour conduire à l’essence. C’est aussi un livre d’instruction maçonnique qui renoue avec un symbolisme vivant, opératif, qui dépasse les évidences du discours.

« Le symbole n’est recevable que dans une optique de connaissance et non de savoir. Connaître est un processus d’identification, d’union avec ce qu’il y a à connaître, au contraire du savoir qui implique une objectivation, une séparation entre le sujet et un objet. La connaissance renvoie donc à quelque chose de l’ordre de la Vie, avec tout le mystère du Pourquoi, alors que le savoir s’en tient à un compte rendu du Comment. C’est la raison pour laquelle le symbole est notre outil privilégié. Il ouvre les portes de l’inconnaissable. Il est le chemin de cet inconnaissable. Mystère des mystères, alchimie qui s’accomplit dans le cœur de chacun.

Cette année de méditation, et de méditations, débute dans le Cabinet de réflexion avec « l’affaire VITRIOL » pour s’accomplir avec la Parole. Un long périple qui coïncide avec la démarche initiatique maçonnique, un approfondissement spiralaire qui prend force et vigueur dans la dualité pour se saisir du non-duel. Au cours du chemin, les mythes sont reconnus dans leur « fonction d’éveil à la transcendance ». Comme métaphores de changement, ils opèrent, pour peu qu’une attention soutenue, paradoxalement sans objet, leur soit accordée. C’est « La méthode de Jean » :

« Jean incite le Franc-maçon à pénétrer corps, cœur, âme toutes les impressions et sensations du logos. Il ne suffit pas de regarder, d’entendre. C’est la façon dont nous accueillons ces sensations. L’homme a la faculté de faire retentir hors de lui, au moyen de la parole, ce qui vit en lui, de communiquer la pensée au monde extérieur. Il peut formuler et exprimer sous forme d’idées, ce qui dépasse l’élément personnel et présente un caractère spirituel. Ce qui est apparu en dernier dans l’espace et le temps existait en esprit dès les origines. Et aujourd’hui le verbe existe et il est dans l’homme ! »

L’ouverture d’esprit à laquelle aspire et invite Jean Bartholo est faite de liberté, cette liberté de l’Esprit qui éloigne l’identification au faire et à l’avoir afin de révéler l’être. Il propose de « faire brèche ».

« Les penseurs, les artistes et les amants renouvellent le langage en approchant l’indicible. Leur langage en est bien un, car il transmet un message selon les voies du logos et de la ratio. Nous avons besoin de ce renouvellement, sous peine de nous enfermer dans le monde étouffant de la raison calculante. L’œuvre des penseurs, des artistes et des amants guérit la raison, qui n’est elle-même que si elle est tendue vers un dynamisme qui fait brèche, qui ouvre notre expérience et notre compréhension. »

Peu à peu, ce qui est séparé se rassemble, ce qui est séquencé apparaît simultané. Le livre, véritable voyage dans la transcendance, se conclut ainsi : « Peut-être cela est-il vrai ? » car c’est d’une aventure qu’il s’agit, de la seule véritable aventure qui soit offerte à l’être humain quelle que soit la situation dans laquelle il se trouve. La Queste.