L’homme qui parle de Gilles Cosson. Editions Pierre-Guillaume de Roux, 41 rue de Richelieu. 75001 Paris.
Ce roman initiatique est suivi d’un bref essai intitulé Quel dieu pour le XXIème siècle ?
Une catastrophe nucléaire, née de la bêtise incurable des humains, détruit une grande partie de la planète. Le personnage principal contraint à chercher du secours pour sa famille, isolée, découvre un monde étrange, moyenâgeux, totalement fonctionnarisé, au service de Seigneurs qui ont écarté toute dimension émotionnelle de leurs analyses et décisions.
Face à ce totalitarisme à la fois classique et original qui fait de l’humanité une sorte de bétail qui, posant trop de problèmes, doit être « remplacé », l’homme ne peut faire comprendre à ces Seigneurs l’amour ou la créativité dont l’espèce humaine est capable malgré ses multiples défaillances. Il trouvera des alliés inattendus dans une dissidence spirituelle rassemblée autour de « l’homme qui parle », éveilleur, prototype de tous les grands esprits que l’humanité a pu engendrer.
Gilles Cosson, avec ce livre, modélise le processus de résistance spirituelle à toutes les formes d’enfermements idéologiques. Il nous met en garde aussi contre nos errances dont les conséquences pourraient être rapidement irréversibles.
Le lecteur est rapidement pris dans l’aventure de cet homme, seul face à la machine infernale totalitaire, seul mais accompagné par « l’Esprit qui veille sur l’Univers depuis toute éternité », incarné dans « l’homme qui parle ». Au cœur du propos, c’est la question de la liberté qui est posée, une liberté qui ne peut être séparée de l’amour.
Dans l’essai qui suit le roman, Gilles Cosson tente de dire de manière très synthétique et dense ce qui est essentiel. Il insiste sur la possibilité de vivre en symbiose consciente avec nos semblables. Il invite, tout en les respectant, à se défaire des formes traditionnelles et spirituelles passés, à les renouveler en une vision nouvelle, jamais définitive.
Il cherche à dégager de la gangue des croyances quelques axes essentiels : l’amour et la compassion agissante, la lutte contre la souffrance physique ou psychique, la volonté de toujours ajouter de la beauté, la nécessité de chercher encore et encore à progresser sur le chemin de la connaissance. Dans ce livre, sorte de testament spirituel, Gilles Cosson cherche à transmettre avec discrétion un message volontairement réduit à l’essentiel, sous le sceau de celui qu’il désigne comme « l’Esprit qui veille » :
« Je suis l’Esprit qui Veille. Je suis Celui qui a été, est, et sera, Celui qui porte en lui le Ciel et la Terre, le bien et le mal. Je suis Celui qui n’a besoin que de Lui-même puisqu’en moi sont présentes toutes les créatures, toutes les pensées, toutes les constellations. Je suis l’eau et le feu, le vide et le plein, le sage et le fou, je suis la cohérence et l’incohérence, je suis au-delà de ta compréhension.
Oui, Je suis cela et tout le reste encore. Ma pensée n’a pas besoin d’être formulée, ni ma volonté de s’exprimer. J’erre, rêveur, parmi les mondes qui sont au-dehors et pourtant au-dedans de moi, étonné de tant d’attentes, d’espoirs et d’imprécations… »
Conte philosophique et roman initiatique, ce livre mérite qu’on s’y arrête. Il propose au lecteur, à travers les personnages, un face à face éloquent avec « l’homme qui parle », manifestation de « l’Esprit qui veille », ce que les métaphysiques non-duelles désignent comme Conscience.